Coût d’un prestataire B2B

Les tarifs pratiqués par les structures de conseil ou de création sont souvent décriés par les acheteurs…. ceux qui reçoivent et analysent les devis, ou les factures ! C’est pourquoi nous abordons aujourd’hui une petite réflexion analytique.

Le tarif moyen en France

Selon l’Insee qui analyse chaque année le coût moyen horaire du travail, dans le secteur de l’industrie, du BTP ou encore des services marchands tous secteurs confondus voici la réalité de 2021. Le coût horaire moyen dans les services marchands en France a été de 38,10 euros. Cela signifie que pour une journée de 7h travaillés, il est nécessaire pour une entreprise de facturer 266,70 euros par jour, pour un mois à 35h par semaine il faut que la personne est produite pour 5.334 euros de facturation. Bien évidemment c’est une moyenne en fonction des pratiques des différents marchés du monde des services, et du contexte comme les charges complémentaires liées à l’activité de la personne qui exerce un métier de service.
Pour illustrer le propos, L’atelier cortical intervient dans le monde de la création infographique. Un graphiste qui va travailler sur un projet a donc un prix de revient déterminé. La charge de travail va dépendre de la nature et de la complexité technique de la création et de l’usage de la création. Pour la création d’un emballage de type doypack alimentaire, il y a 2 faces à concevoir pour répartir les informations commerciales, techniques et légales. Pour bien comprendre la valeur de son travail il faut décortiquer les étapes et les imputations de charges obligatoires de la gestion du dossier.

La valeur du travail infographique : exemple !

Déjà le graphiste doit être formé et s’adapter en fonction des évolutions des pratiques du métier. Il n’est pas qu’un simple utilisateur de logiciels de PAO (Illustrator, Photoshop, Indesign…). Il doit disposer d’une culture visuelle, d’une culture économique et s’intéresser aux tendances comme aux grands courants de styles du passé ou encore à la sociologie des couleurs. S’il a quelques notions juridiques liées au packaging, aux lois environnementales et de la protections des consommateurs c’est presque parfait.

Pour prendre en main un dossier de packaging il va devoir faire quelques recherches (voir et analyser le style de plusieurs doypack dans différents secteurs) et faire quelques essais dans des gabarits (qu’il aura probablement dû créer) dans les dimensions du projet. Il va donc passer du temps après le briefing à cette phase préparatoire. Il aura passé du temps à recevoir les informations qu’il va devoir mettre en forme sur l’emballage (un nom de produit…un code barre….). Puis il va y avoir plusieurs phases d’aller-retour des maquettes entre ceux qui décident, ceux qui accompagnent le projet (le fabricant de l’emballage ou de la machine de conditionnement…), et on va vite arriver à quelques dizaines de versions de fichiers pour 1 seul document final. Effectivement pour démontrer la capacité créative et offrir du choix au commanditaire du projet, en première phase il y aura peut être 3 pistes de styles de maquettes, puis 2 seront poursuivi, et enfin 5 ou 6 versions de la maquette qui plait le plus (concept de style déclinable ou pas si évolution de gamme).

Une fois retenue, la maquette sera vérifiée juridiquement (a-t-on oublié une mention obligatoire, la loi a-t-elle changé en matière d’information du consommateur… ???). Quand le contenu est enfin considéré CONFORME le graphiste devra encore préparer une version EXE du fichier pour le transférer au fabricant de l’emballage, qui va retourner un BAT qu’il devra aussi vérifier car le graphiste est celui qui saura dire si rien n’a disparu entre ses fichiers et celui traité par le fabricant. Avant cela il devra vérifier avec la personne en charge de l’achat de production de l’emballage si les conditions techniques sont bien celles qu’il possède pour être capable de finaliser le fichier d’EXE14-ok.PDF. Et là parfois une surprise, l’emballage doit faire 6mm de plus ou de moins car personne n’avait pensé à vérifier les contraintes de la surface de soudure pour la fermeture du doypack une fois remplies. il y aura donc un fichier d’EXE15-final.PDF.

Il y a donc des échanges qui consomment du temps de travail du graphiste, car il n’est pas une machine de production, disons qu’il est plutôt une interface d’écoute, de conseil, et d’adaptation aux situations, donc un humain qui pense et qui n’est pas encore remplaçable par de l’IA. Comme tout humain il ne produit 100% de son temps de travail. Il doit prendre le temps de la création, dialoguer pour réviser ses pistes créatives, et surtout il peut contribuer au suivi commercial et technique, tâches pour lesquelles il n’est pas la personne en titre (le chargé de clientèle, le planneur stratégique, le consultant, le responsable de production ou encore un chef du trafic….). Il a besoin d’outils de travail, un bureau, un ordinateur assez puissant, les logiciels et des bibliothèques ressources à organiser (photothèque, logothèque, pictothèque…), un téléphone une connexion web, une machine à café ou une bouilloire, une imprimante…. sans oublier qu’il a besoin d’un salaire pour vivre. Quand le graphiste va chez un boulanger il ne lui dit pas “Je vous prends 1 pain aux graines. Si je le trouve bon je vous paierai demain, sinon j’irai acheter celui de votre confrère qui m’a déjà fait gouter un pain hier pas très bon mais avec un échantillon du votre il m’a dit qu’il saura en faire un meilleur et moins cher que vous“. Donc, pour que le graphiste puisse manger son pain quotidien il est souhaitable que les tarifs pratiqués permettent de ne pas travailler à perte. D’après certains calculs dans l’univers du graphisme on peut estimer que sur 1 mois de travail il faut facturer au moins 20 jours à 365 euros ce qui fait un prix de revient de 52 euros de l’heure par mois….

Comparaison avec le tarif moyen du plombier

Si vous avez un chantier à réaliser le tarif horaire d’un plombier varie de 40 à 70 euros de l’heure, ce qui n’est pas le tarif dépannage et urgence bien évidemment. Oui, l’habitude du secteur est de facturer plus une personne qui a un besoin immédiat. Dans la communication, tout est urgent, tout est sans délai, car ce sont les emplois de l’entreprise cliente qui sont l’enjeu. Effectivement si pas d’emballage, pas de produit à vendre, donc pas de chiffre d’affaires. Alors est-ce que dans le graphisme on a un algorithme spécifique qui ferait que plus on demande de faire vite, plus le coût sera réduit ? Il est vrai qu’avec un dossier bien préparé, le graphiste peut travailler très vite en suivant une charte graphique existante. Bref, on est plus dans de la création mais dans le l’exécution. Si le plombier est l’artisan de votre circuit d’eau de votre logement ou de vos locaux professionnels, le graphiste est l’artisan de la valorisation de vos messages légaux et commerciaux. Avec 1.000 euros vous avez le budget de 3 jours de travail d’un infographiste travaillant sur création+exécution. Avec ces 1.000 euros vous avez un budget de travail de 2 jours à 2,5 jours d’un plombier sur un chantier, 1 journée d’installation d’un équipement sanitaire.

La crainte derrière repose sur un imaginaire inconscient indiquant que le travail créatif “c’est financer une personne à s’amuser à brainstormer tout en buvant des expressos en musique installé dans des fauteuils moelleux”. Dans ce cas prévoyez de multiplier votre budget par 3 ou 5 ou 10 et pensez que les très bonnes idées des très bons créatifs n’ont pas de prix. Elles ont fait le succès de nombreuses marques à travers les époques et les pays. Les meilleurs plombiers travaillent-ils tous dans des centrales nucléaires, pour la marine ou encore l’aviation ?

Prestataire ou recrutement pour internaliser

Ce qui est intéressant est de voir que le recours au prestataire évite de faire grandir trop vite les charges d’une entreprise. Effectivement si l’on confie une tâche à une personne peu qualifiée sur cette tâche et va devoir compenser son manque d’expérience pour tenir les mêmes délais, car elle aura probablement d’autres priorités à gérer simultanément. Si vous confiez plusieurs fois par mois et à plusieurs prestataires externes des lots de taches, il faut peut-être commencer à réfléchir à intégrer la compétence en interne. Il est possible également de cumuler avec la logique du temps partagé (en interne une personne à 30 ou 50% de temps et des prestataires à l’année au lieu du ponctuel plus ou moins renouvelé).